Un plan d’aide ou une sanction ?
« Nous espérons une issue favorable, mais nous ne pouvons pas vraiment faire de prédiction. », propos rapportés de Michael Sarris, le ministre chypriote des Finances à propos d’un prêt russe. C’est un aspect intéressant qui semble en effet émerger depuis quelques jours. La Russie, pour défendre les intérêts de ses citoyens ayant des actifs à Chypre, souhaite débloquer la situation suite au rejet hier, par le Parlement chypriote, de la taxe controversée sur les dépôts bancaires. Sur les 72 milliards d’euros visés, environ 20 milliards sont détenus par des Russes.
Certains analystes y voient la volonté de Bruxelles de sanctionner l’un des rares paradis fiscaux de l’UE en taxant l’ensemble de ses dépôts bancaires. Berlin a toujours mal vu le possible versement d’une aide financière à Chypre tant que la situation de son système bancaire restait opaque, évoquant à de maintes reprises des questions de transparence et de blanchiment d’argent. Avec une faible taxation et des taux d’intérêt élevés, la petite île a de solides arguments à proposer aux investisseurs. Nous allons lui dédier l’ensemble de notre analyse du jour.
On compte actuellement 1,1 million d’habitants sur l’île. Selon la banque centrale russe, en 2011, le petit pays a pourtant été la première destination pour les investissements directs russes avec un montant dédié à Chypre de 121,6 milliards de dollars sur un total de 362 milliards de dollars. Les sociétés russes pèsent pour plus de 19 milliards de dollars dans le système bancaire local et l’accord présenté par Bruxelles vise clairement à réduire ces ratios en taxant entre 20 et 30% les intérêts engendrés par ces dépôts. L’Etat sera en charge de faire baisser le poids du système bancaire chypriote à 3,5 fois le PIB local en 2018, comme la moyenne européenne l’exige.
Quant aux banques russes, elles représentent 12 milliards de dollars de fonds auprès de ces mêmes banques. Nous avons évoqué à de nombreuses reprises dans nos analyses la forte exposition de Chypre à la situation grecque. Dans les faits, cette situation ne semble pas avoir inquiété les investisseurs étrangers puisque les dépôts sont restés globalement au même niveau en 2012 grâce au niveau très élevé des taux d’intérêts locaux.
Przemysław Kwiecień, doctorant et chef économiste de XTB développe cette idée de « sanction envers Chypre ». Ce n'est pas un secret que les termes d'un accord de renflouement, en supposant une participation des déposants des banques nationales, soit dictés par la classe politique. Chypre a longtemps refusé un plan de sauvetage que les dirigeants européens ont vu comme une occasion de dépouiller l'état en tant que paradis fiscal.
D'un autre côté, ce n'est pas un secret que beaucoup de dépôts à Chypre appartiennent à des non-résidents de l'UE (y compris une grande part de sociétés russes et de particuliers fortunés russes) fournissant politiquement une source « pratique » de financement. Ainsi, cet accord satisfait l'UE car il comprend une « punition » tandis que pour Chypre, il peut être vu comme un moindre mal.
Chypre est clairement le paradis fiscal russe depuis l’effondrement de l’Union soviétique en 1991 et, aux yeux de Bruxelles, l’île représente un double risque pour l’UE. Le premier, évident, est celui de la transparence. En d’autres termes, l’UE peut-elle élever la voix contre des paradis fiscaux étrangers si elle en tolère sur son sol ? Deuxième point central, cet afflux de capitaux massif sur cette petite île d’un million d’habitants a créé un risque systémique pour l’UE. Le secteur bancaire chypriote représente plus de huit fois la taille du PIB local avec une augmentation de 60% des dépôts entre 2007 et 2012…
En Islande, ce coefficient était de 10 laissant un boulevard pour la spéculation financière grâce à des prêts bon marchés. Nuance importante, les analystes précisent que seuls les dépôts permettent de financer les prêts accordés par les banques chypriotes, contrairement à l’Islande et à l’Irlande. Pour l’anecdote, le cœur financier de Chypre, la petite ville de Limassol, a été baptisée « Limagrad » en référence à la ville russe de Volgograd, surtout connue sous son ancien nom de Stalingrad jusqu’en 1961. Les investisseurs russes ne s’y sont pas trompés, un traité entre les entre les deux pays permet de régler la double imposition avec la Russie.
Le plan de sauvetage proposé par l’Union européenne a donc été rejeté hier par le Parlement chypriote par 36 voix contre, 19 abstentions et aucune en sa faveur. Le résultat du vote a été suivi d’une explosion de joie des manifestants réunis devant l’Assemblée mais il ne fait que repousser des mesures à venir, douloureuses pour la population, afin de respecter les termes du prêt de 10 milliards d’euros versés par l’UE et le FMI à l’île. Certains analystes évoquent déjà une solution « à l’islandaise ». En pleine tourmente financière, l’état islandais avait laissé faire défaut ses banques tout en introduisant un contrôle des changes beaucoup plus fort. Le financement de l’économie en a clairement pâti mais aujourd’hui, le pays est en phase de croissance.
EUR/USD : Point technique
EUR/USD évolue actuellement autour de son point pivot à 1,2915.
Analyse technique
Hier, EUR/USD s’est légèrement affaiblie avec un plus bas à 1,2912, mais son plus bas trimestriel a été touché lundi dernier durant la séance asiatique à 1,2880. Raison centrale de ce mouvement baissier : la situation chypriote que nous avons évoquée en détails ci-dessus. Cette actualité agitera encore la séance du jour.Prudence cette après-midi avec la publication de l’indicateur sur la confiance des consommateurs en zone euro, attendu en territoire négatif pour le mois de mars. Dernier élément macroéconomique, la communication à 19h de la décision de politique monétaire de la FED. Le consensus s’attend à un statut quo autour des taux proches de zéro et des dépenses mensuelles de 80 milliards de dollars dédiés aux rachats d’actifs.
EUR/USD évolue actuellement autour de son point pivot (1,2915) dans des volumes assez faibles. En H1, les Bandes de Bollinger se resserrent confirmant une faible volatilité en ce milieu de semaine. Le cours évolue actuellement légèrement en-dessous de sa Moyenne Mobile Exponentielle (50) confirmant, pour le moment du moins, le manque de tendance claire. Le RSI oscille autour de 55 et le seuil des 1,2880 sera notre support le plus solide au cours de cette séance.
Suivre la tendance via un CFD indexé au CAC 40 semble être la meilleure stratégie à adopter.
Supports/Résistances
Le point pivot du sous-jacent est à 1,2915.Un niveau d’achat réaliste peut être établi au-dessus de 1,2915 avec des cibles à 1,2980, puis à 1,3040 par extension.
Sous le seuil des 1,2915 points, les cibles envisageables à la vente sont à 1,2840, puis à 1,2815 par extension. Le seuil des 1,2880 sera notre support le plus solide au cours de cette séance. Nous évoluons actuellement dans ce scénario.
XTB France
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