Nokia, qui attend désespérément les effets de sa phase de transition stratégique vers des smartphones plus attractifs, a continué de s'enfoncer dans le rouge au premier trimestre en accusant des pertes bien plus lourdes que prévu, selon le bilan financier publié jeudi.
Numéro un mondial des téléphones mobiles à la fin de l'année dernière, Nokia a enregistré une perte nette de 929 millions d'euros sur la période janvier-mars 2012, un résultat nettement pire qu'attendu et lié, explique le groupe, à une concurrence plus rude que prévue.
Le 11 avril, le géant finlandais avait publié un avertissement sur résultats en prévenant que les ventes avaient été particulièrement mauvaises, mais la perte dépasse nettement les prévisions des analystes de Dow Jones Newswires qui avaient tablé sur une perte nette de 554 millions.
Les ventes ont chuté de 30% à 7,354 milliards d'euros, un chiffre conforme aux attentes des analystes.
Deux heures et demi après l'annonce des résultats, l'action Nokia perdait 3,5% à la Bourse d'Helsinki dans un marché en hausse de 0,7%.
"Nous traversons une période de grande transition pour le groupe dans un environnement industriel qui continue d'évoluer et de changer rapidement", commente le directeur général Stephen Elop.
"Au cours de l'année écoulée, nous avons fait de gros progrès dans notre nouvelle stratégie, mais nous avons fait face à une concurrence plus forte que prévu", ajoute-t-il.
Dans son principal secteur d'activité, Téléphones et Services, la marge opérationnelle a été négative de 5,2% contre une marge positive de 10,3% sur la même période l'an passé.
Nokia paye son retard pris sur le créneau lucratif des téléphones multifonctions face à une concurrence plus agressive de l'iPhone d'Apple et des appareils sous système Android de Google.
Pour riposter, le Finlandais a lancé en octobre ses premiers appareils sous un nouveau système d'exploitation développé avec Windows: les Lumia 800 et Lumia 710.
Les ventes de ces nouveaux smartphones ont "dépassé nos espoirs dans certains marchés, y compris aux Etats-Unis, mais la prise d'élan a été plus difficile dans d'autres marchés comme le Royaume-Uni", souligne M. Elop.
"S'ils ont du succès cette année avec le Lumia aux Etats-Unis, alors cela aura un gros effet positif, y compris hors Etats-Unis", a commenté pour l'AFP un analyste du cabinet de Consulting Andalys, Ari Hakkarainen. Il se dit cependant inquiet de la chute des ventes de téléphones conventionnels.
Globalement, le chiffre d'affaires de la branche Téléphones et Services, a chuté de 40% sur un an, à 4,2 milliards. En volume, les ventes ont reculé de 24% à 82,7 millions d'unités. Nokia pourrait ainsi perdre sa place de numéro un mondial de téléphones mobiles au profit du coréen Samsung.
Pour les seuls smartphones, les ventes ont reculé de 52% en valeur à 1,7 milliard et de 51% en volume à 11,9 millions d'unités (-62% en Chine, -50% en Amérique du nord, -32% en Europe).
Mais l'analyste Hannu Rauhala, de la banque Pohjola, souligne que Nokia s'est engagé dans une stratégie avec Windows qui "n'est pas encore à terme".
"Ils doivent s'y tenir (...) Nous verrons les résultats à la fin de l'année", ajoute-t-il.
Dans ce contexte, Nokia a annoncé jeudi une restructuration de sa direction des ventes, avec notamment le départ du vice-président exécutif Colin Giles, à partir du 30 juin.
Au deuxième trimestre, Nokia entend continuer de moderniser et de développer son offre de téléphones mobiles conventionnels et d'étendre la couverture géographique des ventes de smartphones.
Ainsi, Nokia a annoncé jeudi le lancement en Asie de son Lumia 610, premier prix de la gamme des smartphones Lumia, à partir de la dernière semaine d'avril.
Le géant finlandais a lourdement chuté dans le rouge en 2011 avec un effondrement de ses ventes d'appareils qui a provoqué une perte nette de 1,2 milliard d'euros.