par Eduardo Baptista et Josh Ye
PÉKIN/HONG KONG (Reuters) - Un nombre croissant de résidents chinois attendaient lundi dans les hôpitaux pour des tests de dépistage du COVID-19, un nouveau signe de la propagation rapide des symptômes après que les autorités du pays ont commencé à lever les restrictions sanitaires.
Trois ans après le début de la pandémie, la Chine tente de suivre l'exemple des autres pays qui se sont largement adaptés à la vie avec le virus, en apportant mercredi un changement majeur à sa politique, après des protestations sans précédent contre ses restrictions sanitaires sévères.
La Chine a supprimé les tests préalables à de nombreuses activités, a assoupli les règles d'isolement et s'apprête à désactiver lundi une application mobile qui permettait de suivre l'historique des déplacements d'une population de 1,4 milliard d'habitants.
Les autorités continuent d'encourager le port du masque et la vaccination, notamment pour les personnes âgées.
Les analystes estiment toutefois que la Chine, qui n'a été que peu exposée à la maladie jusqu'à présent, est mal préparée à une vague d'infections qui pourrait peser sur son système de santé fragile et paralyser le commerce.
Lily Li, employée chez un fabricant de jouets à Guangzhou, a déclaré que plusieurs de ses collègues, ainsi que des fournisseurs et des distributeurs, avaient contracté le COVID-19 et se trouvaient en isolement.
"Tout le monde se précipite maintenant simultanément pour acheter des tests rapides antigéniques, mais a aussi quelque peu abandonné l'espoir que le COVID puisse être contenu ", a-t-elle dit.
"Nous avons accepté que nous serons infectés par le COVID à un moment donné de toute façon".
Dans la capitale, Pékin, environ 80 personnes attendaient dans le froid devant une clinique spécialisée dans le quartier chic de Chaoyang.
Reuters a été témoin de files d'attente similaires devant des centres de soins dans la ville centrale de Wuhan, où le COVID-19 est apparu il y a trois ans.
Le nombre de patients en attente d'admission dans les services d'urgence et les centres pour le traitement des patients infectés augmente, a déclaré dimanche un médecin du service respiratoire d'un hôpital pékinois, cité par le journal officiel Global Times.
Les chiffres officiels montrent toutefois que les infections localisées ont diminué ces dernières semaines après avoir atteint un pic de 40.052 cas fin novembre. Le nombre total de nouvelles contaminations s'est élevé à 8.626 dimanche, contre 10.597 la veille.
Ces chiffres reflètent toutefois l'allègement des exigences de dépistage, estiment les analystes, alors que les services de santé chinois ont averti d'une recrudescence imminente.
Dans des commentaires parus lundi dans le journal d'État Shanghai Securities News, Zhang Wenhong, chef d'une équipe d'experts dans les centres commerciaux, a déclaré que l'épidémie pourrait atteindre son apogée dans un mois, mais la fin de la pandémie n'interviendrait que dans trois à six mois.
La Chine prévoit également un assouplissement des restrictions sur les déplacements à l'intérieur du pays, même si les voyages à l'étranger risquent de se faire attendre.
(Reportages Eduardo Baptista, Ryan Woo, Bernard Orr, Sophie Yu à Pékin, Brenda Goh à Shanghaï, Martin Quin Pollard à Wuhan et Josh Ye à Hong Kong ; version française Dagmarah Mackos, édité par Kate Entringer)