VARSOVIE (Reuters) - Les parlementaires polonais ont entamé mercredi un débat sur le rétablissement du financement public de la fécondation in vitro, marquant ainsi un revirement après huit années d'un gouvernement ultra-conservateur ayant conduit à de sévères restrictions des droits des femmes en matière de procréation.
Le gouvernement Droit et Justice (PiS) a perdu sa majorité parlementaire lors des élections du 15 octobre, ouvrant ainsi la voie aux partis d'opposition de centre-droit et de gauche pour former une coalition au pouvoir.
L'opposition devrait prendre le pouvoir exécutif au cours de l'année et s'est engagée à annuler les réformes du PiS qui avaient suscité l'inquiétude de la communauté internationale, notamment au sujet de la liberté des médias et de l'Etat de droit, ainsi que des droits des femmes et des minorités.
La suppression du financement budgétaire de la fécondation in vitro, que l'Église catholique considère comme un péché, a été l'une des premières décisions politiques prises par le PiS après avoir remporté les élections en 2015 en promettant d'introduire des valeurs plus conservatrices dans la vie publique.
Le PiS a également imposé une prescription obligatoire pour la contraception d'urgence et, en 2021, a mis en œuvre une interdiction quasi-totale de l'avortement à la suite d'une décision du Tribunal constitutionnel déclarant inconstitutionnelles les interruptions de grossesse pour cause de malformation du fœtus.
Selon les observateurs, les droits des femmes ont été un facteur clé de la participation record aux élections du mois dernier et de l'augmentation du soutien aux principaux partis d'opposition.
La Plateforme civique et la Nouvelle Gauche ont promis d'introduire un droit à l'avortement jusqu'à 12 semaines, ce qui pourrait néanmoins s'avérer difficile en raison de l'approche plus conservatrice du parti centriste Troisième Voie et du fait que le président Andrzej Duda, un allié du PiS, doit apposer sa signature au projet de loi.
(Reportage Anna Wlodarczak-Semczuk, version française Stéphanie Hamel, édité par Blandine Hénault)